Ses débuts à Saint-Sulpice
L’architecte et créatrice naît en 1903 à Paris, où elle étudie ensuite à l’école de l’Union Centrale des Arts Décoratifs entre 1920 et 1925.
Elle travaille en collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret sur des réalisations majeures telles que la Villa Church, la Villa Savoye à Poissy, la Cité de Refuge de l’Armée du Salut ou encore le Pavillon suisse à la Cité Internationale Universitaire de Paris.
Son expérience d’associée dans l’atelier de Le Corbusier et Jeanneret lui permit de renforcer sa technicité, ses références et son savoir.
Inspirée du « sur-repos » des cabinets des médecins, Charlotte Perriand créé la chaise basculante qui fut et reste un best-seller des salles de vente. Celle-ci a été présentée au Salon d’Automne de Paris en 1929. Elle est faite d’une base en acier et d’un métal laqué noir opaque et d’un appui-tête en plumes avec revêtement en cuir. Elle dépose en 1929 la demande de brevet de chaise longue à bascule.
En 1934, elle donne naissance à la Maison au bord de l’eau et en 1938 au Refuge Tonneau.
La consécration
En 1937, la pionnière de la modernité quitte l’atelier de Le Corbusier et crée le bureau Boomerang avec sa forme si singulière. Elle a alors l’ambition de changer le monde par les formes et les matières utilisées pour cette création.
Sa notoriété la conduit à voyager, notamment au Japon où ses talents sont recherchés.
Après la guerre, elle est chargée de l’aménagement d’intérieur d’une quarantaine de chambres d’étudiants de la Maison de la Tunisie. Elle participe aussi à l’aménagement de la Maison du Mexique avec la création d’une bibliothèque originale.
Du fait de son intérêt pour l’habitat collectif et ses convictions, elle imagine notamment des studios dont l’intérieur se veut minimaliste. Elle se voit également confier la réalisation d’habitat pour la station d’altitude des Arcs 1800 et conçoit alors des modules préfabriqués parmi lesquels la salle de bain pré-montée (1977), le bloc cuisson (1976) ou encore la cabine bar/cuisine (1976).
Une femme libre et féministe
Charlotte Perriand avait aussi des engagements politiques et soutenait notamment le parti communiste. Selon Jacques Barsac, « Elle était révolutionnaire dans sa vie professionnelle comme dans sa vie personnelle ». En témoigne son œuvre « La Grande Misère de Paris » qui dénonce les conditions de vie difficiles à Paris en 1936 et représente les revendications des ouvriers.
L’une des quelques femmes à avoir su se faire une place dans un monde d’hommes, Charlotte Perriand signe de sa main plusieurs dépôts. Au total, elle a déposé 8 dessins et modèles et 3 brevets entre 1928 et 1987.
Dans une époque difficile pour les femmes, elle a su rester libre. Elle a par exemple refusé de créer sa propre agence car la banque lui demandait une signature de son mari.
La fondation Louis Vuitton lui a rendu hommage à Charlotte Perriand à l’occasion du 20ème anniversaire de sa mort en organisant du 2 Octobre 2019 au 24 Février 2020, une grande exposition sur son parcours et son œuvre.