Orlan est une artiste française contemporaine ayant utilisé de nombreux supports, peinture, sculpture, photographie, intelligence artificielle, installations, performances, etc.
Elle a notamment beaucoup interrogé le statut du corps de la femme dès les années 1960, avec un message résolument féministe. En 1977 lors de la FIAC, elle se présente vêtue d’une photographie de son buste nu, collée sur bois et détourée. Les spectateurs pouvaient mettre un cierge pour Sainte Orlan ou échanger un baiser avec l’artiste contre une pièce de cinq francs.
Dans les années 80, elle rédige un Manifeste de l’Art charnel et commence à effectuer sur son corps une série d’opérations chirurgicales filmées, et considérées comme des performances.
Dans les années 1990, elle fait procéder jusqu’à 9 opérations de chirurgie esthétique, comprenant par exemple la pose d’implants sur ses tempes. Elle continuera de travailler autour du thème de l’hybridation en réfléchissant aux différentes cultures africaine, amérindienne, ou égyptienne en utilisant cette fois la photographie digitale et la sculpture.
En temps qu’artiste, Orlan détient bien entendu des droits d’auteur sur ses œuvres. Mais comment faire respecter une œuvre corporelle consistant dans les transformations même du corps de l’artiste ?
La justice française a eu à se positionner sur cette question, Orlan ayant assigné en 2016 la chanteuse Lady Gaga en relation avec sa performance dans son clip « Born this way » pour sa modification corporelle consistant dans 4 implants dans le visage, dont deux sur les tempes.
Orlan avait basé son action sur le fondement de la contrefaçon de droit d’auteur, de la concurrence déloyale et de l’atteinte au droit à l’image.
Le Tribunal puis la Cour d’Appel de Paris n’ont pas fait droit à ses demandes, estimant que le parasitisme ne trouvait pas à s’appliquer, la ressemblance d’ensemble n’étant pas établie et les deux artistes n’étant pas dans une situation de concurrence. Par ailleurs, l’atteinte au droit à l’image d’Orlan n’a pas non plus abouti puisque Lady Gaga ne reproduisait pas l’image d’Orlan.
Au regard du droit d’auteur, le TGI avait déterminé que l’insertion d’excroissances placées sur le front ou la tête relève d’une tendance présente dans l’art, insusceptible d’appropriation par un artiste.
Même si son action n’a pas abouti, Orlan a contribué à faire avancer la jurisprudence en matière de protection de droit d’auteur pour des œuvres contemporaines et corporelles.