Ne cherchez pas à identifier Edmond de Belamy, gentilhomme représenté sur cette toile récemment vendue aux enchères par la maison de vente Christie’s à New York. Celui-ci n’est pas la cause du prix (432 000 dollars) de vente du tableau.
Le comte de Belamy a été créé de toute pièces par le collectif français Obvious, au moyen de l’intelligence artificielle. C’est bien le procédé et non la qualité picturale de l’œuvre qui a fait s’envoler les prix.
Plus de 15000 peintures de portrait ont été enregistrées au préalable par le logiciel, afin qu’il puisse identifier les règles du portrait dans la peinture du 14ème au 20ème siècle. Puis deux algorithmes sont entrés en jeu, le premier proposant des images au second, lequel devait détecter si ces images provenaient d’un algorithme ou non. Le but du premier étant de duper le second. Au final, le collectif Obvious est parvenu à constituer plusieurs portraits de la famille imaginaire Belamy, dont les caractéristiques sont une grande stylisation de la figure, laissant deviner l’aspect du personnage.
Le procédé n’est pas nouveau : une œuvre tirant profit de toutes les peintures de Rembrandt avait déjà été créée par le biais de l’intelligence artificielle mais dans le cas présent, la mise sur le marché et le prix de vente très largement supérieur à l’estimation ont permis de relancer les vieux débats de la titularité du droit d’auteur d’une œuvre créée par une machine.
Rappelons qu’en droit français, une machine, un logiciel ou un algorithme ne peuvent détenir un tel droit, n’ayant pas la capacité d’auteur. Ce postulat n’aurait en réalité aucune raison d’être (comment verser des droits patrimoniaux à un logiciel ?!), ni aucune correspondance avec l’esprit des lois sur le droit d’auteur, visant à protéger l’artiste, personne physique.